Du creux dans la dynamique du marché du travail à une reprise sans précédent au cours de la deuxième année coronavirus

Au cours de la première année coronavirus 2019-2020, de nombreux commerces ont dû fermer leurs portes et la vie sociale s'est arrêtée. Les entreprises ont réagi en réduisant leurs engagements de travailleurs ; l’impact sur les sorties a été limité grâce au système du chômage temporaire. Durant la période 2020-2021, le coronavirus était encore très présent (la quatrième vague de coronavirus a touché le pays), mais cette période a également été marquée par une grande campagne de vaccination et par l'assouplissement de nombreuses mesures coronavirus. Dans la période 2020-2021 nous voyons que l'évolution nette négative de 2019-2020 se transforme en une croissance sans précédent de 91 571 emplois. La reprise se fait également sentir dans les chiffres des entrées : ceux-ci sont supérieurs de quelque 19 % par rapport à la période précédente et de quelque 2 % par rapport au niveau pré-coronavirus de 2018-2019, qui était alors le plus élevé en termes absolus.

Les trois régions suivent la tendance, bien qu'avec de légères différences. L'ampleur des mouvements de reprise est la plus importante en Région wallonne. On constate que les engagements en Région wallonne ont été affectés moins lourdement pendant la première année coronavirus et ont également connu - selon nos estimations - la plus forte reprise un an plus tard. Ainsi, en 2020-2021, les engagements dépassent de 6 % le niveau pré-coronavirus en Région wallonne. Les engagements en Région flamande sont également supérieurs d'environ 1 % au niveau d'avant la crise du coronavirus. Ce n'est cependant pas le cas en Région bruxelloise, où les engagements en 2020-2021 restent inférieurs de quelque 2 % au niveau pré-coronavirus.

Les chiffres globaux du chapitre précédent cachent souvent de grandes différences sectorielles. Ceci est d'autant plus vrai dans le cadre de la Covid-19, puisque tous les secteurs n'ont pas été touchés de la même manière. En 2020-2021, nous constatons d’importants signes de reprise dans tous les secteurs. Ainsi, dans le secteur de l'horeca, les engagements doublent, passant de 25 714 à 52 196 travailleurs. Le niveau pré-coronavirus n'est cependant pas encore atteint ; le nombre d'engagements y est encore inférieur de quelque 8 %. En outre, le nombre de travailleurs quittant le secteur de l'horeca en 2020-2021 est également bien inférieur à celui de la première année coronavirus (27 934 sorties ou 46,4 % de moins).

Les turbulences dans les mouvements d'entrée et de sortie sur le marché du travail ne touchent pas tous les travailleurs de la même manière. On observe à la fin de l'année 2021 une évolution positive chez les jeunes : le taux d'entrée augmente considérablement (principalement chez les 15-21 ans). Jamais auparavant, autant de jeunes n'étaient entrés sur le marché du travail. Ceux-ci trouvent principalement leur premier emploi dans l'horeca et les autres secteurs de services.

Ces chiffres optimistes en 2020-2021 font également s'accroître le taux de churning, un indicateur de la rotation des emplois au sein de l'offre d'emplois existante. Les perspectives optimistes et l'environnement moins incertain ont redonné aux travailleurs la confiance nécessaire pour changer d'emploi et ont entraîné une hausse du taux de churning. Fin 2021, ce taux de churning n'a toutefois pas encore retrouvé le niveau d'avant la crise sanitaire. Bien que le taux de churning n'ait pas encore atteint en 2020-2021 son niveau d'avant la pandémie, on observe une augmentation des transitions travail-travail qui dépasse le niveau pré-coronavirus. En outre, par rapport à situation d’avant la pandémie, les travailleurs sortants de l'horeca restent un peu plus nombreux en 2020-2021 à prendre la direction de l'un des secteurs de services commerciaux (commerce de détail) et de l'industrie. Enfin, les demandeurs d'emploi et les personnes inactives trouvent également une meilleure connexion au marché du travail en 2020-2021.